Quelque part sur la ligne du temps, j’écris accoudé sur ma table.  Chassant l’inconfort de l’insomnie pour que valse à nouveau l’usure de la mine accoutumée de mon crayon.

Je te partage mon plaisir.  Tant le vertige me prend comme l’amant laissant sa trace sous la peau frémissante.   Je me remémore des fragments de textes que j’ai lu aujourd’hui.  En réponse je t’écris.  Nous invente l’histoire vivante d’une âme et les aventures de son passage sur les jardins de l’Éden Terre.

Admiratrice de ces fins danseurs sur les horizon du  délire des images, qui savent savamment coucher les sonorités sur tous ces mots alignés que je prend plaisir à réciter.   M’inspirant des témoignages des auteurs des plus belles plumes modernes qui résonnent jusqu’à ma moelle.

Glisse mon crayon sur ce papier velouté.  Luxuriante richesse de pouvoir le laisser prendre sa fuite.  Retraçant au passage l’incompréhensible.  Revisitant l’étrangeté de rêves passé.  M’imbibant d’une de ces nuits profondeur sommeil.  Y sentir vibrer le sens caché comme un sacre de présage.  Marcher lentement sur le rivage d’une fragile mémoire.

Tracer des mots sans en comprendre la trace.  Remplir la mission de remplir une page.  Sentir le devoir s’accomplir de remettre en marche la créative démarche.  Écrire comme on part prendre une marche.  S’activer sans but.  Goûter à l’élan sans plus.  Laisser l’instinct prendre toute la place et nous frapper de plein fouet tant les joyaux s’y dévoilent.   Aux délicieuses heures de relecture.

Honorer la responsabilité de garder ouverte les portes de l’inconscient.  Pour que les sagesses occultés par la rigidité de la compréhension immédiate.  Y laissent des traces sur les méditations à venir.  Et effleurer le sublime d’un moment qui bientôt saura venir.  Qu’écrire.

À cet autre moi de l’avenir.  Ne raconter qu’entre les lignes du délire.  Tout ce que l’être ose être.  Dans toute son imperfection infinie ne raconter que la vie.  Qu’une conscience qui ne s’observe qu’a travers ces yeux qui lisent.  Cet autre toi du moi dans cet autre moi du toi.  Ah tiens!  Te revoilà de nouveau.  Toi.  Comme on se retrouve!

Vertigineux tourbillon d’une spirale.  Dont je te parle depuis si longtemps déjà.  Qu’ensemble on peine à percevoir et qui pourtant.  S’impose dans notre conception de la réalité.  À mesure qu’évolue notre voyage sur ces vivants continents.  Toi, mon autre de moi.

Ma plume libre de nuit récolte des fruits cueillis à même les arbres de vie qu’enveloppe la dure mère de notre moment, ici.  Cette impression omniprésente de nos réalités parallèles.  Toutes inter-connectées entre-elles.

Je te considère, te pressent dans notre intemporel.  Comme toutes ces autres vies qui se vivent à côté de nous.  Étrangères tout autant que familières.  Toutes les unes autant que les autres.  Autant dans les mondes de l’éveil que dans ceux du rêve.  Je te considère à même ma présence à travers la ligne intemporelle du temps.