Vivre à deux vitesse

nouvelle chanson du projet de L’Oiseau racine

Je viens te partager aujourd’hui l’évolution des dernières semaines de mon travail créatif et répondre à une question qu’on m’a posé sur la méthode d’écriture que j’utilise pour composer ma musique.

Alors, qu’est-c’qui se passe avec moi ces jours-ci?

Eh bien, j’écris beaucoup de textes avec ma plume libre pour me préparer du matériel ressource en vue d’une période intensive de quatre mois d’écriture de chansons. 

Mon but est d’étoffer le nouveau répertoire de L’Oiseau racine pour en faire un album concis des plus belles chansons jazz progressives québécoises jamais écrites!  Je fais des blagues ambitieuses, mais c’est pas faux de dire que le répertoire jazz en français est plutôt mince et qu’on fini par toujours chanter les mêmes titres.  J’ai envie de nouvelles chansons, à ma façon.  Envie de nouveaux défis musicaux et de chansons qui permettent de l’espace pour improviser tout notre saoul. 

Qu’est c’que c’est le son de L’Oiseau racine?

Pour te donner une idée, je te partage le témoignage d’un fan de première heure.  Sa perception me semble juste et plus claire que la mienne qui a le nez collé sur les chansons.  

Marc-André (Peace) –  « OK… C’est vraiment incroyablement beau votre projet! J’adorais déjà ce que javais entendu et ça ne fait que continuer! Pour les vieux de la vieille comme moi, on sent une continuité avec La Cage de Bruits. Quelque chose qui coule naturellement, sans cassure. Ce n’est pas une rupture avec ce que vous avez fait dans le passé, mais plutôt une forme nouvelle d’expression qui vient autant nous chercher dans les tripes.
On y sent le côté exploratoire que vous avez toujours su mettre de l’avant, supporté par des mélodies qui font du bien, qui nous bercent l’âme tout doucement. Des textes qui « fessent » autant que dans le temps, mais avec un gant de velours cette fois. Et de l’espoir! Pis ça c’est pas mal pratique dans le monde dans lequel on évolue!
Et tout ça, c’est seulement après ma première écoute! Je vais avoir besoin de ré-écouter les pièces quelques fois pour m’en imprégner davantage. Surtout que Danielle en dit beaucoup dans ses textes, et je ne parle pas là de quantité de mots, mais de la charge de ceux-ci.
En résumé, je dirais que votre projet est fabuleusement harmonieux, réconfortant, sincère et juste assez ébranlant! »

 

Effectivement, maintenant que tu le mentionnes Marc-André, je le vois.  C’est de La Cage de Bruits améliorée qui ouvre la Cage et ne cherche plus à faire du Bruit.  Je m’amuse à dire qu’une fois que la Cage s’est ouverte, un oiseau neuf en est sorti.  Comme un phoenix qui renaît de ses cendres.  Un oiseau rare qui est là, dans le présent. 

Je me rend compte avec gratitude qu’il nous faut en profiter maintenant pour en prendre soins.  Parce que je comprend maintenant qu’il ne sera pas toujours là.  Je dis cela justement parce que l’aventure de la Cage de Bruits fut extraordinaire, je n’aurais jamais eu envie que ça cesse et pourtant…  Autant que l’envie d’y retourner jouer avec les merveilleux musiciens qui en ont fait parti ne manque pas de me hanter, elle est indéniablement chose du passé. 

Aujourd’hui je suis ailleurs, j’avance et ma quête me pousse vers l’avenir.  L’Oiseau racine est le messager de mon monde intérieur actuel et il faut le saisir au vol.  Embarquer dans le voyage et en profiter pleinement.  Je suis honoré de jouer aux côtés des musiciens qui en font parti et ceux qui en feront parti au cours du grand voyage que je prévois faire avec ce projet.  La liberté créatrice qui en émerge me stimule à pousser plus loin ma plume et mon envol.  C’est un plaisir qui soigne en profondeur.

Comment je m’y prend pour écrire ces chansons-là?

J’aime marcher et laisser le rythme de mes pas se subdiviser en séquences de 4, 5, 7 ou 8, 9 pas.  Je claque des doigts pour y faire des accents ou des contre-temps.  Je marche comme ça autour de différentes cellules jusqu’a ce que l’inspiration me donne une phrase en dictée.  Une phrase qui deviendra la « riff » pour la basse ou le guide mélodique de la série d’accords.   Parfois je chante une progression d’accords complète en arpège.  Je la chante à répétition, y déconstruit les modes possible d’improvisation comme une transe jusqu’à l’entendre dans ma tête sans devoir la chanter.  Ensuite, je m’amuse à improviser dessus. 

Intense et omniprésente, la chanson commence à prendre le dessus sur mon quotidien.  C’est là que je sais que je tiens la ficèle d’une nouvelle chanson.  Elle joue en continu dans ma tête jours et nuits.  Elle se fait muse.  Comme une radio qui reste ouverte en bruit de fond, je peux avoir une discussion avec quelqu’un et elle joue encore et encore même quand je dors.

Le texte émerge d’une page de mon cahier noirci que j’ouvre au hasard ou encore, il vient du sens que prend ma vie durant les jours hantés par la mélodie.  C’est une étrange sensation agréable que de laisser les choses se faire sans penser à faire autrement qu’écouter respectueusement une sagesse plus grande que soi nous guider.  Veiller à tasser l’égo, la peur ou l’orgueil sans me laisser déconcentrer.  Garder l’oreille chasseuse de l’oiseau rare qui vient chanter à l ‘aube.

C’est comme ça que les chansons viennent se déposer sur ma ligne thélépatique. 

Pour ce qui est de la poésie des textes.  Je me prépare longtemps d’avance en écrivant presqu’à tous les jours.  Je ne cherche pas le sujet, je laisse venir ce qui m’habite et nourrit mes recherches.  Lectures, documentaires, informations, actualités, expositions d’autres artistes, discussions…. Tout ce qui émerge du quotidien. 

Pour écrire, j’ai besoin du silence total.  De l’absence de mouvement autour de moi.  Je profite des rares moments où je suis seule pour libérer ma plume sur mes cahiers noirci.  Souvent quand tout le monde dort la nuit.  J’ai besoins d’être disponible pour entrer dans une forme de transe imposée par l’inspiration.  Une transe qui parfois prend la forme d’une dictée de mots qui me viennent avant que l’égo n’ait eu le temps de censurer quoi que ce soit.  Mon seul acte de présence consiste à veiller à ne pas laisser l’égo obstruer le travail justement! 

En fait, je me sens comme en état de méditation où je laisse passer mes pensées limitantes sans pour autant embarquer dans leurs histoires.  Je laisse les autres mots se tracer d’eux même et prend plaisir à sentir le crayon glisser sur les lignes de mes pages blanches.  Le sens que prend les mots est guidé par mon intériorité, mon ressenti au contact de mes enjeux et de notre actualité collective.  Et parfois, j’ai l’impression qu’il vient de plus grand que moi et que je n’ai qu’à écouter pour apprendre.  C’est un mystérieux rituel que j’adore.